Apedo-Amah: »Que faire de la victoire de l’opposition à la présidentielle du 22 février 2020? »

La redynamisation des forces démocratiques est le principal des soucis de tous les vrais démocrates aujourd’hui. En effet, comme d’habitude, le vainqueur, Agbéyomé Kodjo de la DMK, a été lâché par tous les partis politiques se réclamant de l’opposition démocratique, quand ils ne lui ont pas infligé un lynchage scandaleux, comme s’il avait commis un crime en écrasant le despote dans les urnes.

 

Comment peut-on désavouer le choix du peuple togolais, surtout lorsque l’on a participé à l’élection et même si on l’a boycottée comme c’est mon cas ?

Faut-il passer un coup de chiffon sur le choix des Togolais qui a fait d’Agbéyomé Kodjo le vainqueur de la présidentielle ? Comme d’habitude ? Comme ce fut le cas pour Fabre, Olympio, Bob Akitani ?Les forces démocratiques, à force de tourner en rond, semblent souhaiter une longue vie au régime militaro-fasciste, en faisant fi des immenses souffrances du peuple togolais.

On ne peut se permettre de continuer la ronde insensée des occasions manquées comme auparavant. Il faut solder les comptes. Mais avec qui ? Entre qui et qui ? La question est d’autant plus cruciale aujourd’hui que, au sein de l’opposition démocratique, on ne sait plus qui est qui. Qui est encore dans la mouvance démocratique ? Qui ne l’est plus ? Certains l’ont-ils jamais été ? Qui sont des taupes corrompues ?

Si des réponses claires ne sont pas trouvées, la lutte avortera encore. Comme le légendaire Sisyphe, devons-nous toujours pousser le rocher au sommet de la montagne et le laisser retomber sans essayer de l’y maintenir ?

L’homme intelligent, lorsqu’il rencontre un obstacle sur son parcours, essaie de le contourner. Combien de victoires électorales allons-nous abandonner aux tricheurs impénitents, aux ennemis de la démocratie ? Le peuple souffre. La vie chère et la misère sont les lots d’une gouvernance médiocre et liberticide. Quel est le vrai combattant de la liberté qui peut s’en satisfaire sans renier ses propres valeurs et principes ? L’animosité maladive et suspecte entre des factions de l’opposition démocratique est-elle le prix à payer sur le dos du peuple spolié pour satisfaire les bourreaux ? Qu’on ose nous le dire !

Cet odieux statu quo au sein de l’opposition démocratique qui vaut complicité avec la dictature criminelle, doit nous interpeller tous.

Tikpi Atchadam et le PNP ont fait, en 2017, un travail extraordinaire. La dictature du clan Gnassingbé a brutalement décapité l’état-major du parti démocratique et poussé son leader en exil par des méthodes qui relèvent de la terreur. Cette même terreur a poussé Agbéyomé Kodjo en exil. D’autres sont jetés en prison sous des prétextes bidon. La stratégie qui doit s’imposer aux esprits des politiciens de la résistance, est la constitution d’un double bureau, l’un apparent, l’autre discret, connu des seuls dirigeants. Il faut bien reconnaître que cette stratégie de décapitation est préjudiciable à la lutte. A toute stratégie fasciste de terreur, il faut une stratégie de résistance en retour. La stratégie englobe cette question capitale : comment ne plus se laisser voler la victoire aux élections ? D’où la nécessité d’un plan B.

Que faire ? Tous les protagonistes le savent. Mettre le peuple togolais au-dessus de toutes les ambitions personnelles aussi légitimes soient-elles. Concrètement, il s’agit de fédérer les forces démocratiques composées des partis politiques, de la société civile pour conduire le peuple à la victoire en terminant le travail.

En la circonstance, il serait complètement aberrant de participer à d’autres élections pour être encore volé, puis d’y retourner encore et encore à l’infini. Ce serait du masochisme politique et surtout une complicité criminelle. Il y a aussi la stratégie de ceux qui ne croient pas aux élections dans une dictature militaire ; mais cela est une autre histoire.

 

Ayayi Togoata APEDO-AMAH